Selon le syndicat français Solidaires Informatique, Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft, Marie Derain, la directrice des ressources humaines, ainsi que l’entreprise Ubisoft en tant qu’entité juridique seront poursuivies en justice pour des accusations de harcèlement sexuel et de discrimination raciale.
Le 2 juin à Paris marquera l’ouverture du procès de trois anciens hauts responsables d’Ubisoft : Serge Hascoet, Thomas François et Guillaume Patrou. Les audiences étaient prévues pour débuter en mars, mais elles ont été repoussées à la requête des avocats, nécessitant un délai supplémentaire pour examiner les éléments du dossier.
Maud Beckers, l’avocate des plaignantes, a affirmé que certains documents requis à Ubisoft en février 2024 n’ont pas été remis par l’entreprise que quatre jours avant la première audience.
D’après les informations relayées par la presse française, Hascoet, François et Patroux sont pointés du doigt pour avoir participé à un « harcèlement systématique au sein d’Ubisoft ».
-Jusqu’en 2020, Hascoet a occupé le poste de producteur créatif chez Ubisoft, où il était responsable de la supervision de l’ensemble des jeux de l’entreprise. Il est soupçonné de conduite raciste : le rapport souligne qu’il aurait impliqué des employés musulmans sur leur appui à l’EI (un groupe terroriste proscrit en Russie), modifié l’écran d’accueil de leurs ordinateurs pour y mettre des images de sandwichs au bacon et aurait laissé de la nourriture sur leurs bureaux pendant le Ramadan.
-Thomas François, le concepteur d’Assassin’s Creed : Syndicate, Far Cry : Primal et Watch Dogs 2, a quitté son poste en août 2020 à la suite d’accusations de harcèlement moral et sexuel systémique. Les incidents mentionnés incluent le fait de regarder du porno au travail, les remarques sur l’apparence des collaboratrices, l’humiliation publique et une tentative de viol pendant un événement professionnel.
-Guillaume Patrou, le créateur du jeu The Crew, est accusé de violences psychologiques.
Yves Guillemot, le dirigeant d’Ubisoft, ainsi que Marie Derain, la responsable des ressources humaines de l’entreprise, ne sont pas mis en cause dans cette affaire. Cependant, ils sont perçus comme étant complices de harcèlement par le syndicat, mettant en lumière la systématicité des problèmes au sein de l’organisation et les multiples réclamations – un aspect que les procureurs espèrent voir clairement exposé aux autorités judiciaires lors du procès.
« Le procès expose la manière dont Ubisoft a conservé pendant de nombreuses années un système qui favorise les harceleurs et étouffe les victimes », précise le communiqué.
Trois ex-dirigeants d’Ubisoft ont été arrêtés en 2023 suite aux dénonciations déposées par un syndicat et deux victimes durant l’ été 2021.
En 2020, Yves Guillemot a admis que quelques membres de son équipe avaient transgressé les principes d’Ubisoft et a présenté ses regrets aux personnes touchées.
« Je suis véritablement désolé pour tous ceux qui sont impliqués. » « Nous avons mis en place des sanctions pour les personnes responsables et nous œuvrons à l’amélioration de nos procédures. »
Cependant, le syndicat soutient que malgré plusieurs scandales, l’état actuel de l’entreprise n’a pas véritablement progressé. Selon une enquête menée en 2021, un quart des employés ont signalé avoir subi du harcèlement, tandis que 20 % ont affirmé ne pas se sentir en sécurité dans leur environnement professionnel. En 2022, le collectif de travail « A Better Ubisoft » a déploré que ses doléances soient négligées par le département des ressources humaines de l’éditeur, certains individus incriminés ayant été simplement relocalisés vers d’autres studios ou même élevés en grade.